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Carla SARKOZY


«Tellement je tiens à être tienne, je fais une croix sur ma carrière d’amazone et sur ma liberté souveraine.» Le timbre est bas, la voix toujours aussi suave, mais le message de la chanson Ta tienne, tirée de son dernier album, résonne comme un changement de cap. Carla Bruni a beau revendiquer son statut d’artiste et le Président chanter sur tous les tons qu’il est fier que sa «Carlita» mène sa barque, avec maestria, sur les eaux musicales, être une première dame libérée n’est pas si facile.

Nicolas Sarkozy le soulignait en plaisantant à l’Elysée lors de la journée de la Femme, devant une assistance triée sur le volet : «Elle a eu une vie professionnelle avant, elle en aura une après. Pour le reste, c’est terminé!» Comprenez : «elle est ma femme pour l’éternité et première dame pour quatre ans encore», ce qui implique des sacrifices. La nouvelle épouse de Nicolas Sarkozy en est consciente à la veille de la sortie de son disque Comme si de rien n’était. Les paroles du titre Ma came ont déjà provoqué l’ire du ministre des Affaires étrangères colombien. Ce dernier les a jugées «blessantes». «Tu es ma came […] plus dangereux que la blanche colombienne», y susurre une Carla ingénue. Accaparée par sa nouvelle fonction, l’artiste n’a eu que quelques jours pour mettre en boîte son premier clip, entre une visite officielle en Israël et le G8 au Japon.

Consciencieuse, avant chaque déplacement, elle se fait briefer par Jean-David Levitte, le conseiller diplomatique du chef de l’Etat, dans les services duquel sa demi-sœur, Consuelo, est actuellement en stage. Impassible, elle écoute chaque discours de son époux, les mains soigneusement posées sur les genoux. "Elle n’a pas toujours l’air de s’amuser», note, compatissant, l’un des participants à la fête de la Musique à l’Elysée, le 21 juin dernier. Elle confie volontiers qu’il n’est pas facile de voir chaque jour son mari critiqué dans les médias. Et ressent parfois la pesanteur des mesures de sécurité, comme lorsqu’elle a dû s’engouffrer, entraînée par un garde du corps dans l’avion présidentiel, alors qu’un militaire israélien se suicidait à quelques mètres du tarmac.

Femme «épidermiquement de gauche», même si elle n’a jamais milité, l’épouse d’un Président de droite doit composer au jour le jour. Et mettre un bémol à certaines de ses positions. Lorsque le quotidien Libération la questionne sur la politique d’immigration du gouvernement, la première dame, accueillie au journal par quelques huées, se contente d’affirmer aimer beaucoup le ministre Brice Hortefeux « en tant que personne ». Mme Sarkozy doit aussi répondre au bureau des pleurs de ses amis artistes, inquiets de la politique menée par sa moitié, concernant au premier chef le service public. Elle a du reste organisé une entrevue entre Nicolas Sarkozy et quelques producteurs de télévision, comme son amie, la réalisatrice Fabienne Servan-Schreiber. «C’est certes une femme amoureuse, mais elle ne perdra pas pour autant ses repères», veut croire l’un de ses amis, élu de gauche.

Mais, en épousant le Président, Carla a surtout perdu sa liberté de mouvement. Ainsi, lors de son séjour en mai au Cap Nègre, où sa famille possède une maison, les commerçants du pays, habitués à servir cette personnalité «simple et agréable», ne l’ont plus vue. «Ce sont les gardes du corps du Président qui sont venus récupérer quelques crèmes», s’étonne Véronique, la pharmacienne du Rayol Canadel, où Carla avait pourtant ses habitudes. Béa et Nono de la plage du Cannier l’ont quand même aperçue en train de faire son jogging «vers 8-9 heures du matin avec de grandes lunettes noires et un chapeau sur la tête». Des réservations ont été faites dans la région pour une quinzaine de membres de la sécurité de l’Elysée, du 25 juillet au 20 août. La première dame ne pourra donc plus agir comme les autres années, converser sur la plage avec les parents des copains de son fils Aurélien, habitué de l’école de voile de Cavalière, et inviter même ceux qu’elle connaît à peine à l’apéritif dans la luxueuse villa qui surplombe les eaux translucides.

La vie au Château impose ses règles, son rythme et ses passages obligés. Elle implique surtout un manque de disponibilité de son hôte. Happé par un emploi du temps qui s’affole, Nicolas Sarkozy semble parfois dévoré par sa fonction. Ainsi lors de l’anniversaire de sa première année à la tête de l’Etat, le Président est apparu plutôt morose autour du buffet réunissant ses ministres à l’Elysée. Il a reconnu que l’année écoulée avait été une année de souffrances personnelles. Un coup d’œil appuyé de son épouse l’a incité à se reprendre et il a donc affirmé aussitôt qu’il avait heureusement retrouvé le bonheur auprès de sa « Carlita ». Cette dernière prend son parti de ce nouveau statut avec ses armes et ses références. Elle apprécie la compagnie du lettré ministre de l’Education, Xavier Darcos, ou du vibrionnant Bernard Kouchner. Ce fameux soir d’anniversaire, en mai, elle a parlé littérature italienne du XIXe siècle avec le normalien Laurent Wauquiez, secrétaire d’Etat à l’Emploi. Carla compose donc avec sa nouvelle vie, faute d’en donner le la! Du moins pour l'instant...


CARLA SARKOZY
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